Le 16 mars, en dépit des protestations de l’Ukraine et de la communauté internationale, les nouveaux maîtres de la péninsule organisent un référendum. Selon les résultats officiels, 96,77% des électeurs de Crimée et 95,6% des électeurs de Sébastopol ont voté pour l’adhésion à la Russie. Au regard du droit ukrainien et international, ce scrutin était illégal et il s’est déroulé en l’absence d’observateurs internationaux de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). Les partisans de Kiev, restés sur place ont boycotté le scrutin. La Russie, elle, a brandi la Charte des Nations unies et le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.
Au fil des siècles, la péninsule de la mer Noire a souvent changé de mains. Elle était sous domination de khans mongols, vassaux de l’Empire ottoman quand, à la fin du XVIIIe siècle, elle a été conquise par les armées de Catherine II de Russie. Dans la seconde moitié du XIXe siècle, la Crimée devient une terre de villégiature pour l’aristocratie russe. L’empereur Alexandre II fait construire le palais de Livadia, dans la pointe sud de la péninsule, où les familles impériales viendront régulièrement se reposer. En 1945, le palais accueillera la conférence de Yalta.
Les dirigeants ukrainiens, Petro Porochenko puis son successeur Volodymyr Zelensky ont promis de rendre la Crimée à l’Ukraine, mais leurs moyens sont limités. Kiev a engagé des poursuites contre Moscou devant la Cour européenne des droits de l’homme. Des investisseurs ukrainiens en Crimée ont également engagé un certain nombre d’arbitrages en matière d’investissements.
La question de l’appartenance de la péninsule reste ouverte également pour la communauté internationale. Les États-Unis, le Canada, l’Union européenne, qui prolongent régulièrement les sanctions imposées dès mars 2014 envers des responsables politiques russes, mais aussi des entreprises russes de la finance, de l’armement et de l’énergie.
Le Kremlin, à l’inverse, estime la question réglée une fois pour toutes. L’une des mesures de la réforme constitutionnelle adoptée en juin interdit toute aliénation du territoire de la Fédération de Russie : un moyen explicite de rendre toute éventuelle rétrocession de la Crimée à l’Ukraine inconstitutionnelle