Les barricades dressées dans la capitale et sur les principales routes du pays paralysent désormais quasiment quotidiennement les activités mais aucun dialogue politique n’a été entrepris. L’opposition continue d’exiger la démission de Jovenel Moïse comme pré-requis à la sortie de crise, une position que soutient une majorité de secteurs de la société et mercredi, ce sont les professionnels de santé qui se sont joints à la contestation.
Chirurgiens, ambulanciers, étudiants en médecine ou encore sages-femmes : tous partagent la colère d’avoir trop peu sinon aucun moyen pour travailler. Le Dr Grégory Elysé dresse un sombre tableau du principal hôpital du pays : « Il n’y a pas de gaz, il n’y a pas de gants, il n’y a pas de seringue ; c’est comme si on travaillait dans une situation qui dépasse la médecine de guerre. C’est pas bon, et nous avons décidé de prendre la rue pour dire qu’il faut une certaine amélioration. » En Haïti, les résidents de première année ne reçoivent que l’équivalent de 115 euros par mois, quand les médecins spécialistes ont un salaire brut mensuel de 38 000 gourdes soit 354 euros. Le médecin et professeur d’université Barthélémy Guibert est scandalisé. « Chaque année, vous diplômez une centaine de médecins, près de 90% sont obligés d’aller en Espagne, aux États-Unis, au Canada pour pouvoir trouver de quoi vivre et de quoi travailler donc ce n’est pas possible parce que le plus grand malheur qui peut arriver à un pays, c’est quand les ressources humaines laissent le pays. Le développement ne s’arrête pas dans un magasin, dans une boutique. » Depuis sept semaines le pays est paralysé et les conséquences sont nombreuses. Certaines villes de provinces souffrent notamment de pénuries d’aliments de base, en raison des routes bloquées et de l’activité des gangs qui gènent l’approvisionnement depuis la capitale Port-au-Prince